Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain ... (Pierre de Ronsard)

Histoire de Mauriac

Histoire de Mauriac

Un nouveau regard

Armoiries de Mauriac

La ville de Mauriac a adopté la solution que lui a proposé la Chancellerie au 19ème S. d'un Maure  en pied de couleur noire sur fond jaune. Pour certains ce Maure serait un Wisigoth compte tenu de son habillement et du grand souvenir laissé par les Wisigoths en Auvergne et spécialement de Basolus seigneur wisigoth de Mauriac ayant donné ses terres à Théodechilde fondatrice du monastère selon les chroniques, pour sauver sa vie. Le Dr Louis de Ribier a écrit pour sa part en 1905 que les véritables armoiries de Mauriac étaient d'aprés ses recherches une "tête de Maure de sable sur champ d'or" et que cette figuration avait été  pratiquée sous l'ancien régime ainsi  que la solution des "trois miroirs ronds d'argent au chef d'or", des armes de la maison de Miremont. Une tête noire de Maure de profil avec un bandeau clair au front, comme la Corse, voilà qui aurait une certaine allure. Ci-dessous le blason de la famille de Mauriac produit par le Dr Deribier.



 La Sardaigne a dans son blason quatre têtes noires de Maure  avec un bandeau blanc au front comme la Corse. Pour les Sardes très attachés à leur histoire et à leurs traditions précieusement conservées, ces têtes célèbrent leur victoire sur les envahisseurs sarrazins. Concernant Mauriac, les Sarrasins n'ont jamais occupé le  Cantal ni en 730 ni aprés, contrairement aux légendes locales. Mais  par contre il est probable que le monastère ait fait venir des Maures d'Espagne comme serfs pour cultiver ses terres, selon l'usage général des Bénédictins, surtout aprés les expulsions successives de musulmans du pays. Le Maure mauriacois peut avoir cette origine ou provenant de la famille de Mauriac celle-ci  a pu s'illustrer aux croisades. De nombreux blasons portent en effet des symboles de participation aux croisades: croissant, étoiles diverses...   


 

L'Art baroque  

Mauriac est une ville où le classicisme règne en maître. Sa version la plus sévère et la plus sobre,  marque même ses bâtiments anciens. Et pourtant, l’art baroque venu de Rome au 17ème siècle,  a été adopté tant pour la Basilique  qu’au Collège des Jésuites,  afin d’apporter une touche de fantaisie et de l’éclat dans la décoration intérieure. Il n’en est pratiquement jamais parlé en Auvergne, ce qui est dommage.

Dans la Basilique, la sévère  église s’est vu ornée d’un très beau retable baroque, probablement posé au début du 18ème siècle, qu’on ne se lasse pas de regarder tant il se signale par sa qualité esthétique. Avec ses colonnes, ses marbres colorés et ses bronzes dorés, le retable avec son autel est parfait et résiste au temps, indémodé, éternel, et décor digne d’une grande ville.

Baroques aussi, d’une manière plus accentuée, les retables des autels latéraux, très travaillés, ainsi que les boiseries du chœur avec leurs anges souriants, typiques du baroque, et surtout la magnifique chaire et ses sculptures  précieuses, son marbre fin de belle couleur, le tout  dans un style plein d’audace ; l’audace même du baroque.

Encore plus osé, déjà rococo,  le chœur de la chapelle du Collège, l’actuel lycée, démontre une profusion décorative, qui atteste de la volonté des jésuites de Mauriac d’imiter à l’échelle modeste de Mauriac, la splendeur romaine, telle qu’on peut  l’admirer à Saint Pierre (le baldaquin du Bernin)  ou à l’église du Gesù : les anges maniérés sont du pur baroque romain.


Le château de Mauriac.

La légende de Mauriac évoque un château. Les archéologues le cherchent.  Des études ont montré que le site d’Escoaillers dit du chateau-vieux, n’était guère plus qu’un éperon barré, un camp retranché de l’âge du bronze réaménagé et occupé ultérieurement. Une fouille officielle de la DRAC   en 1997 a prouvé par ailleurs que le petit bois sur la route du plan d’eau, le suc de Bernet (suc = petite éminence géologique),  ne pouvait en aucun cas constituer ni un château ni une motte castrale, car personne n’y a jamais vécu. C’est un simple tertre rocheux couvert d’un bois. La vérité est que Mauriac n’a jamais possédé de château pour la raison évidente que les châteaux sont une création médiévale. Par ailleurs, la présence, sur un terrain appartenant à la puissante abbaye royale de Sens dès le 6éme S. , du monastère bénédictin reconstruit au 9ème S.,  avec son statut de seigneurie locale puissante, le doyen de Mauriac ayant rang d’Evêque, exclut tout château.  L’histoire doit donc être revisitée avec l' usage de la raison.

 

L'Aquitaine      

    L'Auvergne a été longtemps intégrée à la grande Aquitaine, qu'il s'agisse de la province romaine d'Aquitaine première, puis de la période wisigothe et carolingienne. Charlemagne a même créé un royaume d'Aquitaine pour son fils Louis.

L'Auvergne a été occupée également par les Anglais, après le fameux remariage d'Eléonore d'Aquitaine en 1152 avec Henri Plantagenêt. Triste période car elle ouvre une ère de guerres incessantes entre Français et Anglais, avec massacres et pillages en Auvergne. Mauriac a été sévèrement touchée et même détruite, monastère compris.

En 1527, le Duché d'Auvergne est rattaché définitivement à la couronne de France. Il a Gouverneur royal et Etats Provinciaux. Mais les habitants de Haute Auvergne et spécialement du secteur de Mauriac, continueront à être attirés par la région de Toulouse, Bordeaux et l'Espagne où ils iront pratiquer un commerce avantageux, faire de la banque ou simplement travailler comme artisan ou salarié.

 

Le vrai Marmontel        

    Genre sous-estimé du patrimoine littéraire, les mémoires sont reconnues par contre comme une source essentielle de l'histoire. Elles apportent à la mémoire collective des informations et un contexte irremplaçables. Parfois, les mémoires sont un chef-d’œuvre en lui-même.

Il en est ainsi des mémoires de Jean-François Marmontel, cet écrivain natif de Bort les Orgues mais dont le père était originaire du Haut Cantal, qui est passé à la postérité pour sa collaboration à l'encyclopédie, quoique il soit presque oublié. On lit toujours les souvenirs de Marmontel, tant son style est délicieux et surtout abondantes ses descriptions et réussis ses portraits. Une mine pour la connaissance du milieu littéraire du 18ème siècle.

Comment un fils de tailleur pauvre de Bort, sans relation a t-il pu faire une telle carrière littéraire jusqu'à la gloire de son vivant et les honneurs les plus élevés de son temps: Directeur du prestigieux Mercure de France, Secrétaire Perpétuel de l'Académie Française, auteur célébré et joué dans toute l'Europe, ami des plus grands.

Véritable personnage balzacien de roman, le Bortois explique tout dans son ouvrage en attribuant la clé de sa réussite à l'enseignement qu'il a reçu d'un curé de campagne, d'une école de village puis de la 4ème à la 1ère (rhétorique) au collège de jésuites de Mauriac, poursuivant, toujours chez les jésuites, à Clermont (philosophie) et à Toulouse.

Puis il écrit à Voltaire qui l'appelle à Paris et lui conseille d'écrire des tragédies pour le théâtre, ce qu'il fera, et de voir du monde. Le théâtre et les actrices seront la passion de sa vie, avec l'Opéra. Dans ce dernier genre, c'est lui qui mène la querelle Gluck-Piccinni, faisant venir à Paris le Napolitain, illustre compositeur d'opéra, et lui écrivant des livrets. Il vit dans la fièvre des coulisses, protégé des femmes, qui dirigent alors les salons et font les carrières.

Marmontel montre qu'un jeune homme de talent, ambitieux et décidé peut monter l'échelle sociale par son travail et son entregent. La gloire des lettres est alors à son sommet et Voltaire est plus qu'un prince en son temps.

 

Qui est en réalité le Marmontel officiel, encyclopédiste, académicien, Directeur du Mercure de France, qui a donné son nom à une rue et au lycée de Mauriac ? Réponse du non-dit : le vrai Marmontel  étudiant perturbateur renvoyé du collège de Mauriac,  est  un ambitieux déterminé qui va réussir par les femmes. Il doit beaucoup à l’une des égéries littéraires de l’époque, chez qui il habite, écrit-t-il drôlement ! La protection de Mme de Pompadour lui donne l’accès aux plus hauts emplois pour un homme de lettres. Il a  trois passions, le théâtre, l’opéra comme librettiste et les actrices. C’est lui qui l’avoue dans ses  passionnantes mémoires. Son arme secrète, la séduction et un physique avantageux et performant disaient ses contemporains envieux. Il allait à dix dit l'un d'eux admiratif. Son moteur, un amour effréné de la vie. Il est plus qu’un duc en son temps car les encyclopédistes sont alors les vrais rois de l’Europe, formant une véritable république des lettres qui préfigure la Révolution (Tocqueville).

 

Le Jeu de la main chaude 

Dans le beau salon de la sous-préfecture, l'hôtel d'Orcet, deux grandes tapisseries d’Aubusson, du 18ème siècle, sur des cartons d'Oudry, émerveillent le visiteur. L'une représente le jeu de la main chaude, jeu très pratiqué au 18ème, et montre un jeune homme à genoux, le visage enfoui dans le giron d'une femme assise et la main ouverte dans le dos. Ainsi rendu aveugle, il doit deviner qui vient de frapper sa main. Les personnages changent de place et alternent. Le jeu devait être délicieux et on peut imaginer qu'il était à gage, avec pénitence, selon les goûts de l'époque.  La tapisserie est très colorée, tout comme celle décrivant le jeu du cheval fondu, dont on ne retrouve pas l'explication.

 

Le Baptistère St Jean 

Le professeur Fournier de l'Université de Clermont a écrit que Mauriac possédait probablement, comme d'autres villes très anciennes, un groupe dit baptismal, comportant une église Notre Dame, une autre à St Pierre liée au monastère et dans le même enclos un baptistère St Jean, situé sur la place Gambetta. Cette place, ancienne place du monument de la guerre de 1870, est surtout, belle coïncidence, l'ancienne place St Jean (le baptiste). La forme de cette place et la présence au nord d'une grande cour des Impôts, accrédite cette hypothèse, que seules des fouilles confirmeront. Visiblement, il y a là un grand espace vide!

 

La Chapelle St Benoît 

La chapelle Saint Benoît, édifiée fin du 11ème S, est l’un des vestiges les moins bien conservés du monastère et pourtant sa présence est bien réelle, au fond du local d’accueil, sur la place. Ce sanctuaire autonome, bien séparé physiquement de l’ancienne église Saint Pierre du monastère, avec une fonction liée à la salle du chapitre, mesurait environ 16 m. sur 5 m. 10. On en voit encore la partie ouest dans le lot acquis par la commune en Juillet 1984. Le chœur est intégré dans l’immeuble voisin (café). Delalo a insisté en 1856 sur le fait que cette chapelle était distincte de l'église St Pierre. Jeune homme, il a vu les deux édifices intacts.

 

L’hôtel de ville 

L'hôtel de ville de Mauriac, dont la première pierre a été posée en 1819, ne sera pas terminé avant 1829. L'architecte a selon les instructions de la municipalité, réemployé les pierres de basalte noir de l'église du monastère bénédictin Saint Pierre de Mauriac.
Dévastée à la Révolution et laissée à l'abandon, sans toit ni charpente, l’église Saint Pierre a en effet été rasée pour créer une vaste place centrale. Cette décision sera plus tard regrettée en raison de la qualité de l'édifice et de son importance historique. Mais elle n'a pas été hélas contestée en son temps, perçue alors comme un facteur de progrès. L'époque était ainsi!
L'architecture du bâtiment est classique, sobre et élégante, avec de grandes ouvertures, de beaux encadrements et une jolie ornementation de toiture. L'ouvrage a du être entièrement repris en 1972, afin de pallier des fissures très anciennes, mais en conservant les façades et leurs pierres remarquables. Les travaux étaient en cours lors de la visite officielle à Mauriac du Président de la République Georges Pompidou le 6 août 1972.

 

Patronymes anciens 

Dans son ouvrage sur Mauriac, le Dr Louis de Ribier a relevé les noms des familles qui ont joué un rôle important dans la cité au cours des siècles. Voici quelques patronymes cités par lui dans les annexes de son ouvrage remarquable publiant la chronique de Montfort : Amalvy, de Vigier, Rixain, Bouyges, Pommerie ou Pomeyrie,  Pomeyrol, Mathieu, la Barre, Besse, Danjolie, Gibbert, Montfort, Boboul, Douce, Simon, de Chavialle, Lavergne, Chappe, Delfraisse ou de Fraisse, de La Porte, Ronnat, Dufayet, Roussilhe, Senaud, de Vézolles, Thoury, de Tournemire,  Delprat, Delzongles, des Maries ou Desmaries, Escalier, Fontanges,  Gaston, Granier, Duclaux, Bonnefon, Chapouille, du Fau, Soustre, Delalo, Delmas, Lacoste, Mirande, Drappeau, Ternat, Offroy, Violle, Cheymol.  Beaucoup de noms sont encore portés, souvent sans la particule de l'ancien régime abandonnée à la Révolution. 

 

La Gaule bien présente à Mauriac

Mauriac, cité gauloise, possède sous  la ville  ancienne un patrimoine caché, dont seuls quelques vestiges du 1er Siècle ont été retrouvés au 19ème. Ces vestiges couvrent le vieux Mauriac. Delalo, Président du Tribunal Civil, les a vu et décrit  à l'occasion de travaux et de fouilles  qu’il a effectuées ou contrôlées lui-même ou que son grand-père, maire de Mauriac, ou son père, sous-préfet, également de Mauriac, lui ont commentées, dans les années 1800. Trois générations de Delalo ont donc cherché dans le sol de Mauriac des traces du passé. Son témoignage par écrit est hors de toute critique.

 Ce qui a été trouvé est impressionnant et ne laisse aucun doute. Mauriac était déjà une petite ville gallo-romaine dès le 1er Siècle, un Vicus, le Vicus Mauriacensis. Il a été trouvé beaucoup de Monnaies, vases, urnes funéraires, morceaux de poteries, de briques et de tuiles, toutes pièces remontant au 1er ou 2ème Siècle, dans un large périmètre comportant notamment le Bd Montyon, la rue Marmontel, la rue du Collège, la place, le monastère, le musée, un pré sur la rue du Balat, rue de la République alors qu’elle portait le nom de rue Saint Georges, prés de la porte du même nom.

     Une telle abondance de vestiges se retrouve dans les villages de la commune et particulièrement à Albos où il y a même des tombes de l’âge du fer, Trébiac, Crouzit, le Mas, Blandignac, etc. La région était très peuplée car passait au Vigean, du bourg à Lavialle, une grande voie romaine menant de Clermont à Toulouse par Arpajon.

     La présence à Mauriac d’un temple gallo-romain est donc probable, prés des sources et des torrents. Il a pu être ruiné lors des vraies grandes  invasions barbares, en 256 - 272, où toutes les villes de Gaule sont détruites. En tous cas, le Vicus est toujours présent vers 650, et assez puissant pour frapper une belle monnaie d’or dont on a 3 exemplaires portant l’inscription du Vicus de Mauriac en Arvernie.

 

L'éperon barré d’Escoalier 

   L’archéologie appelle éperon barré, un promontoire escarpé créé par la confluence de deux cours d’eau et dont le 4ème côté, seul accessible, est barré par un retranchement pour protéger la population.

   Ce type d’abri remonte fréquemment à l’âge du bronze, voire au néolithique, mais a pu être utilisé encore au moyen âge, occasionnellement, en cas de danger.

   Mauriac en possède un bon exemple à Escoalier, formé par l’Auze et le ruisseau St Jean, l’ex rieu Mauri. Ce lieu, très abrupt,  dénommé du château vieux par la tradition locale, est barré sur son côté ouvert par un fossé et un amas de pierres de basalte brutes précédé des restes d’un mur de gneiss fondu et même vitrifié à forte température.

    Emile Delalo a longuement étudié et commenté en 1856 dans le dictionnaire statistique du Cantal ce site étrange.  Les chroniques locales et spécialement la chronique de Montfort, y  situent le château légendaire de Basolus, appelé de Monsélis, ce que Delalo, expert, dément totalement car il n’a pas retrouvé la moindre trace d’un château.

    Le château de Théodechilde, dont les pierres auraient servies pour construire le 1er monastère du 6ème S., s’il a existé, est donc ailleurs. On a cru découvrir un site possible sur la route du plan d’eau, au petit bois surélevé dit Suc de Bernet, mais une fouille officielle du service régional d’Archéologie en 1995, a établi qu’aucune habitation n’avait pu exister sur ce tertre rocheux démuni au surplus d'un accès normal avant la création du plan d'eau. Y a-t-il un château de Monsélis ? Le débat est ouvert. Mais la probabilité est très faible.

 

Les Barbares à Mauriac

     Les Romains ont appelé  ainsi  les peuples germaniques ou orientaux (Huns), qui ont envahi l’empire à partir du  3ème siècle. Mauriac n’a pas été épargnée. Il est probable qu’elle a été touchée par les invasions terribles de 256 et 272 après J.-C.  qui ont détruit les villes. Puis à coup sûr, la cité gallo-romaine reçoit, après 406,  les remarquables et puissants Wisigoths, plus civilisés que les Francs mais chrétiens ariens, ce qui les fragilisera. Ils devront céder aux Francs  l’Aquitaine romaine comportant l’Auvergne,  qu’ils occupent en masse, après leur défaite de 509 à Vouillé prés de Poitiers. Ils se retirent alors en Espagne et repoussent en Afrique du nord les dangereux Vandales.

    L’Auvergne devient Franque et le monastère Saint Pierre sera la marque d’une présence des Francs dans ce  Vicus (bourg) gallo-romain, demeuré en fait une cité celte, conservant son nom celte tiré de mori, l’eau, tout comme Moret sur Loing, Morsang, Morzine, Mortagne, Morteau ou Morlaix, Morgat, par exemple, toutes au bord de l'eau.

     Contrairement à certains textes locaux, Mauriac ne verra pas Attila.  La bataille des champs catalauniques n’a pas eu lieu à Mauriac. On sait tout à présent de l’itinéraire d’Attila, grand politique, chef de guerre cultivé et romanisé, dont le rêve était d’être reconnu par Rome et de s’établir dans l’empire,  idéal de prospérité et de progrès de cette époque.

     Venant de Paris, l’armée du chef des Huns, comportant des peuples germaniques, assiège Orléans puis inquiète de l'arrivée d'une grande armée romaine et wisigothe bifurque vers la Germanie. Les champs catalauniques sont évidemment sur leur trajet, près de Troyes, au pays des Catalauni, sur une vaste plaine. Attila, en réalité invaincu, mais redoutant comme tous les orientaux les batailles indécises, laisse le champ de bataille à son ami d’enfance qu'il a bien connu à Constantinople capitale de l'empire romain d'orient , le général romain Aetius.

     L’histoire reconnaît depuis peu  que les prétendus barbares étaient conduits par des chefs alliés de Rome, souvent généraux de l’armée romaine comme le père de Clovis et attirés par la gaule prospère et la mer.

     La  Gaule sera franque, mais restera celte et romaine. On y parlera le latin mêlé de gaulois, dont le Français est issu et non comme en Angleterre la langue germanique. Par contre les élites, future noblesse française, seront des descendants du vainqueur, les Francs.

 

Un Empereur romain à Mauriac

   L'historien Audigier affirme que Mauriac recevait fréquemment la visite de Gratien, Empereur Romain amateur de chasse en forêt, qui aurait  même signé  de Mauriac un rescrit au Préfet des Gaules, en 377 aprés JC.  Etonnante au premier abord, cette précision trouve toutefois du crédit  si on apprend dans les ouvrages d'histoire que Gratien avait eu pour précepteur Ausonne de Bordeaux et qu'il s'était proclamé Empereur des Gaules, Grande Bretagne et Espagne incluses, laissant à un autre le reste du monde romain et préférant le contact des barbares. Son père, Valentinien 1er, régnait lui-même sur l'Empire, siégeant à Lutèce. A cette époque la Gaule est en révolte et les Bagaudes, ces  puissantes bandes armées de Gaulois, assument un pouvoir permanent de fait , sur un large territoire, dont le Cantal, terre de Bagaude. Ce pouvoir elles vont le conserver jusqu'à la chûte de l'Empire d'Occident. Gratien a pu venir pour rétablir l'ordre en Aquitaine.   

 

Dictionnaire Statistique et Historique du Cantal

   Cet ouvrage remarquable, véritable bible de l’histoire des communes du Cantal, a été entrepris par Jean-Baptiste de Ribier du Châtelet et publié en 1824 puis dans sa version complète, de 1852 à 1857, en 5 volumes. Il est régulièrement réédité.

   L’article concernant Mauriac a fait l’objet d’un long article de 100 pages exactement, daté de 1856, d’Emile Delalo, Président du Tribunal Civil de Mauriac, descendant d’une famille qui a donné à Mauriac un Sous Préfet (son père) et un Maire (son grand-père) ,  des magistrats.

   Le texte de cet érudit de grand talent demeure, 150 ans après, actuel et inégalé, ce qui est étonnant, mais aussi, exact, complet. Il traduit probablement toute une vie de documentation et  de recherche sur Mauriac. Un travail « de bénédictin ». La rue qui lui été consacrée à Mauriac, ancienne rue de la prison, longe précisément l’ancien doyenné du monastère, sur lequel a été édifié le Tribunal qu’il a présidé.

 

L'éducation

   Il existait des écoles en Gaule indépendante puis occupée, mais on ignore leur nature. Avec l’installation des Bénédictins, ordre tourné vers les études, sont fondés des établissements scolaires et un collège tenus par des religieux. Par décision de 1563, est créé grâce à un legs de 1560 de Guillaume Duprat , évêque de Clermont, dont Mauriac relève, l’un des premiers collèges de Jésuites de France, qui comporte des classes menant en rhétorique, la 1ere actuelle, puis en philosophie. Marmontel, enfant turbulent mais doué y a étudié, ainsi que le futur astronome, Chappe  d’Auteroche oncle des frères Chappe inventeurs du télégraphe, originaires aussi de Mauriac mais nés dans le Maine. Ce collège de Jésuites, qui accueillait plus de 300 élèves, est reconstruit en plus grand au moment même où les Jésuites, jugés trop puissants et indépendants, sont expulsés de France par la royauté à la demande du Parlement de Paris et de Choiseul en 1762. Il renaît après sa fermeture et prend le titre de collège royal en 1765. Les travaux sont repris. Un chef d’œuvre est réalisé. La Révolution supprime le collège. Il devient gendarmerie (Delalo). Rapidement, les locaux sont affectés à nouveau à l’enseignement secondaire. La République multiplie les classes, laïcise le lycée et le complète en édifiant, en 1976, sur un 2e site dit Pompidou un lycée d’enseignement professionnel. En 1996, le Conseil régional et l’Etat dotent le Lycée d’un B.T.S. (enseignement supérieur). Mauriac a conservé, par ailleurs, collège et écoles primaires publiques ainsi que l’école privée dite des frères et le collège de la rue du Balat. Elle dispose également, d’une maison familiale rurale à Crouzit.

 

Les fontaines de Mauriac

   Mauriac a su conserver plusieurs belles fontaines anciennes et notamment une fontaine avec obélisque édifiée au 18ème S en remerciement à Jean Baptiste Montyon, intendant d’Auvergne.  Bienfaiteur de la cité, Montyon ou Monthyon est l’auteur des travaux qui ont permis, en comblant les fossés, de créer un large boulevard ainsi qu’une nouvelle  voie vers le Limousin. L’hommage a été rédigé par Marmontel. Voir aussi les fontaines de la rue Saint Mary et du square Cassin.  Une nouvelle fontaine de style 19ème a été construite en 2001, place Vieillefond.

 

Le Doyenné du monastère St Pierre

   Lors de la reconstruction du monastère au 15ème S,  après les ravages de la guerre de cent ans, est édifié un nouveau bâtiment destiné au logement de prestige du Doyen. L’édifice de grande dimension, séparé du monastère par la cour Saint Pierre, comportait également des locaux d’administration et une vaste prison à usage général. Elevé en 1469, le doyenné occupait l’îlot actuel formé par le tribunal et les prisons reconstruites après 1800 et devenues en partie musée municipal. La partie ancienne du doyenné est au sud de l’îlot. 

 

Le Subdélégué de l’Intendant 

     Avant la Révolution, le pouvoir royal était représenté dans les provinces, par un  haut fonctionnaire de haut rang chargé de la Justice, de la Police, de l’économie et des Finances, l’Intendant. Des personnalités de grande compétence et d’idées avancées  ont occupé cette fonction en avance sur son temps, transformant l’économie locale et les infrastructures de leur circonscription, la Généralité. L’Auvergne doit beaucoup à Trudaine et Montyon et le Limousin à Turgot.

     Chaque Intendant désignait pour le représenter localement, des Subdélégués. Il y en a eu 3 ou 4 selon le cas en Haute Auvergne (le Cantal), dont un à Mauriac. Ancêtre du Sous Préfet mais rattaché directement à Clermont, puisque le département n’existait pas encore, le Subdélégué avait de grands pouvoirs dans le territoire de l’Election, circonscription qui élisait des délégués et délibérait. On connaît les noms des Subdélégués de Mauriac au 18ème S., cités par le Dr Louis de Ribier dans la Chronique de Mauriac (1905), où il présente la Chronique de Montfort, la commente  et surtout la prolonge très au delà par des documents inédits et des notes substantielles qui démontrent l’étendue de ses connaissances sur l’arrondissement et le travail accompli. Le Dr de Ribier est un 2ème Delalo.

     Il a pu retrouver à Clermont les noms de MM. François Courboulès, Barthélemy de Vigier, Benoît de la Porte, Joseph Antoine de Vigier, fils du susnommé et père du Vigier d’Orcet qui, homme de goût, saura choisir l’épouse que l’on connaît bien à Mauriac et transformer l’hôtel familial en petit chef d’œuvre d’architecture et de décoration. Et enfin dernier Subdélégué, qui passera à travers la Révolution malgré la suppression de son poste, Jean-Baptiste Vacher de Tournemire, dont le fils, Jean Charles, fera une carrière  politique exceptionnelle, prolongée et brillante, en étant successivement Maire de Mauriac sous la convention, Député, Recteur impérial de l’Académie de Clermont, Président du Tribunal de Mauriac, Député sous la Restauration et créé Baron.

 

Un Pape à Mauriac

    Un Pape, Calixte II , est venu à Mauriac en 1119. Il a pu voir en construction rien moins qu'un monastère, trois églises dont la grande église St Pierre déjà très avancée du 11ème et l'église paroissiale Notre-Dame du 12ème. Celle-ci  n'existait pas encore semble-t-il  en 1110 lorsque le moine Clarius de l'abbaye-mère de Sens rédige sa chronique dans laquelle il décrit des troubles entre religieux à Mauriac. Il y fait mention en effet de la chapelle de Notre-Dame qui a précédé la basilique romane. Calixte II est venu voir un grand chantier mais peût-être aussi mettre fin aux querelles sanglantes entre le monastère local soutenu par l'Evêque de Clermont et les seigneurs locaux et l'abbaye de Sens protégée par l'autorité royale. Le Roi venait en effet de trancher le différend et de rappeler que le monastère de Mauriac était propriété royale et  chapelle des Rois Francs, comme Sens, en désavouant l'Evêque. On avait alors entendu, relate le moine Clarius, le cri " frappez, tuez, brulez ces Francs ", venant d'une femme du peuple visant l'Abbé de Sens et son escorte. Une révolte d'Aquitains contre les Francs mal aimés en Auvergne.

 

La Prévôté de Mauriac

     Responsables du maintien de l’ordre dans la société médiévale, avec des pouvoirs de police et de justice, les prévôts sont apparus au moyen age. Selon la chronique de Montfort du 16ème S., dans la version commentée par le Docteur Louis de Ribier, Mauriac aurait été instituée chef-lieu de Prévôté royale en 1129. Son ressort correspondait à peu près à l’arrondissement actuel, comme le Pays Gaulois et l’Archiprêtré de Mauriac, moins le canton de Champs considéré comme appartenant à la Basse Auvergne. Les prévôtés royales étaient contestées et ont parfois revêtu un caractère seigneurial.

Textes d'Alain Goldfeil

 

 

 

 



11/03/2012
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